Lavillenie : « Le plus beau jour de ma vie ! »
Médaille
Source : FFA (Florian Gaudin-Winer)
Une statue du Commandeur. Renaud Lavillenie vient d’être sacré champion olympique, après l’échec de Bjorn Otto à son troisième essai à 5,97 m. Mais il refuse d’exploser, de savourer et de réaliser. Il est encore dans son concours, le visage impassible, laissant pour l’heure les pleurs et le bonheur à ses proches. Il vient d’entrer au panthéon du sport français. Mais il veut aussi marquer l’histoire de l’athlétisme. « Ça fait partie de ma nature, confie le Français. Je ne me satisfais pas de quelque chose quand je sais que je peux aller encore plus haut. » Pendant qu’Otto, médaillé d’argent, et Raphaël Holzdeppe, en bronze, posent pour les photographes, lui se cache le visage sous une serviette. On croirait voir la Russe Elena Isinbaeva. Il est du même métal doré, celui des immenses champions. Il échouera d’abord à 6,02 m puis par deux fois à 6,07 m. Qu’importe, il est enfin sur le toit du monde. « Depuis le début du concours, c’est le plus beau jour de ma vie », jubilera-t-il plus tard.
Je pensais juste à faire un super saut...
Son explosion de joie avait en fait eu lieu plus tôt, lors de sa dernière tentative à 5,97 m. Dos au mur, dans un remake des championnats d’Europe d’Helsinki face aux deux Allemands, Renaud n’avait plus le choix. Otto et Holzdeppe étaient passés au premier essai à 5,91 m. Il a donc fait l’impasse à cette hauteur après un premier échec et, après un saut raté à 5,97 m, il jouait sa dernière cartouche. « Je me suis dit que ce n’était pas fini, raconte le Français. Je ne me suis pas laissé déstabiliser. Je pensais juste à faire un super saut et à ne rien regretter. Je n’ai pas pensé à la finalité, juste à donner le meilleur de moi-même. » Il reste dans sa bulle, concentré, lui qui d’habitude aime se disperser et bavarder avec les autres perchistes. Va-t-il résister à la pression, le jour le plus important de sa vie d’athlète ? Oui ! Il efface 5,97 m grâce à un saut magnifique et très propre. C’est l’heure d’exulter, les poings serrés, en quittant le sautoir au sprint dans un hurlement de bonheur.
Damien Inocencio, son entraîneur, là-bas, dans les tribunes, savoure. « Il fallait jouer serré, souffle-t-il. Il a été obligé de sortir du très grand Renaud. Sur ce saut, il fait une très bonne poussée et ne s’emballe pas sur la course d’élan. Il met une bonne fréquence et arrive à fermer très vite, ce que je lui avais demandé. Le saut se fait tout seul. » Le dénouement du relais 4x400 m a lieu au même moment. Le stade est en folie mais le champion d’Europe n’entend rien.
L’athlétisme français attendait depuis seize ans un champion olympique. Ce 10 août, lors d’un doux soir d’été londonien et sous un ciel sans nuages, il a trouvé un successeur à Jean Galfione, sacré dans la même discipline en 1996. En 1984, c’était aussi un perchiste, Pierre Quinon, qui s’était couvert d’or à Los Angeles. « On partage plein de choses avec Jean, rappelle Renaud. On est les deux seuls Français à avoir franchi six mètres, on a été champions du monde en salle et on est maintenant tous les deux champions olympiques. C’est un grand homme pour moi. » On ne dira jamais assez ce que l’athlétisme français doit à ses plieurs de gaule, au sommet de génération en génération. Damien Inocencio a d’ailleurs tenu à leur rendre hommage. Renaud Lavillenie est leur successeur et leur étendard. Il est aussi aujourd’hui « le plus grand perchiste français de l’histoire », comme l’a désigné Romain Mesnil.
Avec de l'adversité, on arrive toujours à se surpasser
« C'est indescriptible. J'ai fait un concours incroyable. J'ai toujours eu de bonnes sensations dans ce concours. J'avais le dos au mur mais ici, j'avais l'impression d'être à la maison. C'est incroyable. Je n'avais que le choix de faire l'impasse sinon je restais 3e et ça ne servait à rien ! Je passe une barre à 5m97, c'est énorme d'autant que j'établis un nouveau record olympique. Aujourd'hui, c'est plein de petites choses qui rendent ce moment magique ! Avec de l'adversité, on arrive toujours à se surpasser, et à faire des choses extraordinaires... C'est incroyable ! »
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