Tennis : Quatre garçons dans le vent de l'Olympe

Médaille
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Murray, Federer, Djokovic... le tournoi individuel laissait peu de place pour nos Français. Seul Jo Wilfried Tsonga pouvait espérer s'immiscer dans le groupe. Mais, battu par le Djoker, Jo renonçait à sa médaille individuelle... mais pas à son rêve olympique. L'option restait donc le double, et ce, pour nos deux paires : Tsonga/Llodra et Gasquet/Benneteau.

Les premiers rêvaient d'or. Ils toucheront de l'argent. L'entame de la finale face à la redoutable paire américaine Bryan fut fatale. D'entrée, les Américains, qui dominent le double mondial depuis une dizaine d'année réalisaient le break sur le service des Français. Ce seul break du match sonnait déjà le glas du premier set.
Une seule occasion s'offrit ensuite aux Bleus d'inverser la tendance. Au 8ème jeu, à 4-3 sur le service de Mike Bryan, Jo et Mika eurent six balles de débreak, infructueuses. Solides au filet, les Américains n'ont ensuite jamais laissé d'ouverture, y compris sur ce tie-break du second set, conclu sans coup férir par les jumeaux. Au vu de leur domination sur le circuit international depuis des années, le titre olympique de ces jumeaux sautillants n'est pas volé. 6/4, 7/6, les Bleus auront tout tenté, mais les Américains étaient intransigeants. Qu'importe ? Après tout, JO et Mika, qui tenaient à leur médaille olympique, non seulement ils n'ont pas de regret quant à leur défaite face aux grands spécialistes du double, mais, de surcroît, ils ont leur médaille !

Un peu plus tôt dans la journée, l'autre paire française, Gasquet/Benneteau avait gagné sa place sur le podium olympique.
L'un, Richard Gasquet, a été l'enfant prodigue du tennis français. L'autre fait une carrière constante, et a toujours inspiré la sympathie par sa volonté et sa détermination sur le court. A l'annonce de sa sélection, « C'est un rêve d'enfant et de joueur de tennis qui se réalise » avait déclaré Julien Benneteau à l'annonce de sa sélection. Et ce rêve, Julien a su le communiquer à un Richard Gasquet qui, au fil des rencontres, s'est transcendé. Jamais, ou rarement, avions-nous vu le Bitterois aussi expressif, aussi heureux sur un court.
Pour un tennisman, le Graal s'appelle d'ordinaire Roland Garros, Flushing Meadows, Melbourne, Wimbledon, et se décroche d'abord en solo. Mais l'ordinaire n'est pas olympique et, en ce mois d'août 2012, Wimbledon a une toute autre dimension. Obtenir une médaille olympique, c'est graver à jamais son nom non plus sur les tablettes de son sport, mais du sport. Un aboutissement inscrit dans l'éternité et l'universalité.

Après leur défaite en demi-finale face à la paire américaine Bryan/Bryan, les Tricolores ne se sont donc pas démobilisés. Soutenu par Julien Benneteau, Richard Gasquet a su trouver les réponses, ses réponses et surtout celles qui allaient permettre d'étouffer la paire espagnole. En deux sets, Julien et Richard ont réussi à s'arroger une médaille olympique. La partie n'était pourtant pas gagnée. Elle failli même basculer à 5-5 dans le premier set, quand les Espagnols furent à deux cordes de réaliser un break compromettant.
Une volée réflexe de Benneteau pour sauver le jeu, quelques coups exceptionnels de Gasquet dans le tie-break, dont un passing smashé de revers extraordinaire tiré à trois mètres derrière la ligne de fond, et les Bleus prenaient l'avantage. Abattus, les Espagnols n'opposaient plus grande résistance dans le second set : 7/6, 6/2 en 1h14, les Bleus pouvaient se rouler dans l'herbe en exultant. Ils sont désormais des Dieux de l'Olympe.

Cette médaille, elle est partagée!
(Richard Gasquet)

Richard, que ressentez-vous avec cette médaille de bronze autour du cou ?
C'est fabuleux ! Depuis hier soir, il y avait beaucoup de stress. Nous n'avions aucune envie de finir quatrième. Ça aurait été très, très dur. C'est une place ignoble. On est très heureux. J'ai fait un mauvais début, mais Julien m'a bien aidé. A 5-5, j'ai fait un jeu catastrophique sur mon service, mais on a réussi à ne pas se faire breaker. Après, je fais un super tie-break. On s'est bien épaulés l'un et l'autre.

On vous avait rarement vu aussi survolté sur un court…
Je l'ai déjà été, mais bon, je n'ai pas si souvent que ça jouer des quarts en Grand Chelem ou ce genre de grands matchs… Le gain du premier set m'a libéré. On aura une médaille olympique toute notre vie. C'est très fort. Je remercie Julien et tout le staff. Cette médaille, elle est partagée.

Que vous a dit Julien pour vous soutenir ?
A 5-5, quand je fais ce mauvais jeu, il me parle et je lui dis, "c'est fini, je ne fais plus de fautes comme ça".

C'est au-dessus de tout !
(Julien Benneteau)

Julien, est-ce la plus grande émotion de votre carrière !
Oui, oui ! J'ai gagné quelques tournois, j'ai joué un quart de finale à Roland-Garros mais ça, c'est au-dessus de tout ! Pour un sportif, avoir une médaille olympique, c'est énorme. On était tendus au début, mais on savait qu'on avait les armes pour gêner les Espagnols. Peut-être un peu plus que Mika et Jo. On a réussi à faire tourner ce premier set et on a rien lâché derrière.

Qu'avez-vous ressenti au moment de la victoire ?
Sur la balle de match, je crois d'abord que c'est fini mais mon service était let. A cet instant, j'ai vraiment visualisé la médaille. Après, quand Richie était dans mes bras par terre, je lui ai dit : ''On a une médaille olympique !" Il faut se le répéter pour y croire. C'est géant !

Avez-vous dû porter Richard pendant cette semaine ?
Un peu parce qu'il ne joue pas souvent le double. Je lui donnais quelques conseils "technico tactiques". Sur le plan du tennis, il n'y a rien à dire, Richard est très fort. C'était juste un soutien dans l'attitude. Il ne fallait pas qu'il doute. Aujourd'hui, je n'ai pas arrêté de lui dire, "t'es un monstre, t'es plus fort que les mecs en face". Et il m'a sorti un coup de génie sur la balle de premier set.

On est fiers de ce podium, de ces deux médailles françaises
(Michaël Llodra)

Quel sentiment prédomine après cette défaite en finale ?
C'est fabuleux. On est fiers de ce podium, de ces deux médailles françaises. C'est dur de décrire ce qu'on a ressenti sur le podium. Les Bryan étaient au-dessus sur cette finale et sur ce tournoi. Dans l'ensemble, on a fait une bonne finale, je trouve.

Quels sont les meilleurs moments que vous retiendrez de ces JO ?
Il y en a tellement. Le fait d'intégrer le Village olympique au début de ces JO a été une expérience extraordinaire. Puis dans les maisons à Wimbledon, je me souviens qu'on a tous "gueulé" comme des fous, tous ensemble, quand la France a remporté le relais 4x100m masculin, en natation. La bagarre face aux Américains, c'était énorme. On est tous tombés dans les bras les un des autres quand ils ont gagné.

Comme les autres, on défend les valeurs du sport et de l'Olympisme.
(Jo-Wilfried Tsonga)

Et vous Jo ? Julien Benneteau disait qu'il s'était senti dans la peau d'un athlète de l'équipe de France olympique. Qu'en pensez-vous ?
C'est vrai, je ressens la même chose. On est souvent mis à part parce qu'on est des joueurs de tennis, avec une image élitiste. On gagne beaucoup d'argent. Mais ça nous touche. Ce n'est pas de notre ressort tout ça. Avant tout, on est des sportifs, des compétiteurs. Comme les autres, on défend les valeurs du sport et de l'Olympisme.

Est-ce le plus beau moment de votre carrière ?
L'un des plus beaux, oui. C'est au moins aussi fort que ma victoire à Bercy. J'ai profité de chaque instant. J'ai beaucoup joué aussi… On a vécu des moments de partage très intenses. Je suis fier que l'on rapporte ces deux médailles.

Pourriez-vous comparer cela à la Coupe Davis ?
Les Jeux, c'est encore au-dessus émotionnellement. On ne joue pas que pour le tennis. Nous sommes des représentants de la délégation française. On fait partie de ce groupe. Comme l'a dit Mika, avoir passé quelques jours au Village fut un grand plaisir. A chaque fois que l'on croisait un sportif français, on partageait, on échangeait.

Les autres athlètes français justement… Lesquels vous ont le plus touché Jo ? Mika a parlé du 4x100m en natation.
Pour moi, ce fut sans doute la médaille d'or de Tony Estanguet. En regardant sa course au ralenti, je voyais ses yeux… Ils dévoraient les portes. Son expression était extraordinaire. Lionel Roux me disait avant d'entrer sur le court, "les yeux de Tony, les yeux de Tony…"

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