C'est parti pour l'athlétisme !
Interview
C'est parti ! Renaud Lavillénie, Christophe Lemaitre, Jimmy Vicaut, Antoinette Nana Djimou.... l'athlétisme entre au programme des Jeux Olympiques et rythmera la prochaine semaine. Objectifs et revue d'effectif avec Bernard Amsalem, chef de mission pour les Jeux Olympiques de Londres et président de la Fédération Française d'Athlétisme...
Les Jeux Olympiques débutent pour les athlètes, quels sont les objectifs que vous avez fixé à cette équipe ?
Il faut planter le paysage. L’athlétisme est un sport véritablement universel. 210 pays sont non seulement adhérents, mais aussi présents dans les compétitions. C’est plus qu’à L’ONU. Cela fait que des athlètes de petits pays ou de pays pauvres peuvent devenir champions olympiques, qu’ils viennent d’Ethiopie, d’Erythrée, du Soudan… Cela montre la difficulté à monter sur un podium. C’est pour cela que les places de finalistes sont aussi importantes dans l’évaluation du résultat global d’une équipe. En athlétisme, on a passé la barre très haut en termes de minimas puisque nous sommes dans une optique de performance.
Mahiedine Mekhissi
Malgré cela, nous avons une équipe de France de plus de 50 qualifiés avec les relais, ce qui est beaucoup plus qu’estimé à l’origine. Cela veut dire que les athlètes français ont amélioré leur niveau au cours de la préparation de ces Jeux. Nous avons évidemment des chances de médailles avec un potentiel de 3 à 5 podiums, ce qui serait bien, notre meilleure performance aux Jeux étant de 4 médailles, à Atlanta. Si l’on pouvait arriver à ce niveau-là, ce serait déjà un succès. Si cela veut sourire, on pourra peut-être atteindre cinq médailles. Les favoris sont facilement identifiables : Mahiedine Mekhissi sur 3000m steeple, Renaud Lavillénie à la perche, Yohan Diniz à la marche, Christophe Lemaitre sur 200m et peut-être un relais ou Eloyse Lesueur à la longueur. Et puis il peut y avoir des surprises. Dans les grands championnats, il y a toujours des surprises.
Y a-t-il des jeunes qui vous ont surpris par une maturité précoce par rapport aux perspectives d'évolution que vous envisagiez ?
Pierre-Ambroise Bosse
Il y a plusieurs jeunes qui sont en avance sur les perspectives d’évolution que nous avions pour eux. Je pense notamment à Pierre-Ambroise Bosse, un coureur de 800m qui était encore junior l’année dernière. Cette année, il est monté sur le podium des championnats d’Europe senior, le premier grand rendez-vous de sa carrière dans la catégorie. C’est un athlète à la fois doué, qui travaille beaucoup et qui est totalement décomplexé. Il a à ses côtés un coureur qui s’appelle Borzakowski, qui a été champion du monde, champion olympique. A la fois il l’admire et en même temps, il a envie de le battre. Cela décuple ses forces. Dans un contexte olympique, cela va être sans doute un peu difficile pour lui, mais on ne sait jamais avec lui. Il a la hargne et les qualités qui font que, aujourd’hui ou demain, ce sera un grand champion.
Et puis, on a des jeunes qui des athlètes presque déjà confirmés. Je pense à Christophe Lemaitre, qui a crevé l’écran l’an dernier en montant sur le podium du 200m aux championnats du monde, ce qui est extraordinaire pour un athlète non-Américain, non-Caribéen. Les podiums du sprint sont monopolisés depuis des lustres par les Américains et les athlètes des Caraïbes et quand un Européen arrive, c’est exceptionnel. Et donc, malgré son jeune âge, Christophe est un athlète déjà extraordinaire. Il a un potentiel qui l’amènera sans doute au-delà de Rio. Il peut très bien figurer sur 200m à Londres, ainsi que le relais 4x100m où il retrouvera un autre jeune, encore plus jeune que lui, Jimmy Vicaut, déjà finaliste mondial sur 100m l’an dernier alors qu’il n’avait que 19 ans. Il a de grandes qualités. Si les petits bobos qu’il a subi cette année le lâchent, il est capable de faire de grandes choses. Avec ces jeunes, tout est possible. Les marges de progression sont très fortes entre 19 et 22 ans.
Il peut y avoir d’autres surprises encore. On a un décathlonien qui a 20 ans, Kévin Mayer qui est peut-être un peu juste cette année, mais qui n’en sera pas loin. Il a pulvérisé son record cette année. Il a été champion du monde espoir, il a été champion du monde cadet, il sera un jour champion du monde senior. Ce sera peut-être un peu tôt pour Londres, mais on le retrouvera dans les années à venir.
Au-delà de l'athlétisme et des résultats, comme chef de mission, qu'espérez-vous de ces Jeux Olympiques ?
Je crois que réussir de beaux Jeux, c’est donner une image d’excellence du sport français. C’est la première chose, que les gens nous disent « c’était formidable, nous étions fiers de l’équipe de France ». Qu’il y ait du plaisir. Il y aura des peines, parce que les grands championnats s’accompagnent aussi de déceptions, de malheur. C’est comme ça la vie. J’aimerai que le grand public dise qu’il a passé une année sportive formidable, et que de nombreux jeunes viennent dans les clubs après. Qu’importent les résultats. Que l’on fasse 41 médailles ou moins, si c’est avec le style, la bonne image, ça me suffit, je signe tout de suite.
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