Patrice Hagelauer : « C'est un rêve d'être médaillé olympique »
Interview
Alors que la terre battue de Roland Garros est à nouveau au cœur de toutes les attentions, Patrice Hagelauer, directeur technique national de la Fédération Française de Tennis, voit un peu plus loin à l'horizon et évoque le tournoi olympique. Entre émotion et ambition, il nous fait part, entre autres, de ce que représente les Jeux et de ce qu'il attend de l'équipe de France cet été à Londres.
Quelles sont les principes de qualification pour les Jeux Olympiques ?
La première règle édictée par la Fédération internationale (ITF) est qu’il faut avoir joué 2 années consécutives en Coupe Davis ou en Fed Cup au cours des 4 années qui précèdent les JO. Sauf cas particulier, blessures notamment, personne n’échappe à cette règle.
Suite à l’accord entre l'ITF, le CIO, l’ATP et la WTA, pour l’attribution de points ATP/WTA lors du tournoi olympique, il a été décidé que les qualifications pour les JO se feraient en fonction du classement mondial. C’est le classement au lendemain de Roland Garros qui figera les positions et déterminera les qualifiables.
Chaque pays aura droit à un contingent de 4 joueurs et 4 joueuses de simple plus, éventuellement, 2 en double, à condition que ceux-ci soient classés, en gros, dans les cinquante premiers.
Pour le double, il faut choisir parmi les sélectionnés en simple, sauf s’il y a un joueur ou une joueuse dans les 10 premiers au classement mondial en double. Si c’est le cas, celui-ci peut proposer un autre partenaire, qui ne fait pas partie de l’équipe de simple, et dans ce cas précis, nous, la Fédération Française, avons notre mot à dire. Cette règle vaut pour le double femme, homme et mixte.
Les groupes hommes et femmes sont habituellement bien distincts. Y aura-t-il une approche particulière pour une cohésion de groupe plus globale ?
Non. Les joueurs et les joueuses se connaissent parfaitement, ce ne sont pas deux mondes à part. Ils se retrouvent tout le temps et il y a beaucoup d’amitié entre les garçons et les filles, donc, a priori, aucune difficulté à ce niveau-là. Notre organisation a plutôt été à construire avec la contrainte du peu d'accréditations et la possibilité de faire venir les entraîneurs privés ou les kinés habituels des joueurs en plus du staff fédéral. Nous avons pu discuter avec les joueurs, pour établir le fonctionnement, finaliser la logistique, l’organisation sur place. On a l’habitude d’aller à Wimbledon, donc on sait à peu près comment faire pour être plus à l’aise là-bas : on loue toujours une maison, proche de Wimbledon, qui constitue un lieu de tranquillité, de regroupement, où il fait bon être entre les matches ou lorsqu’il pleut…
Tout le monde a une volonté terrible d’être présent.
Les joueurs sont-ils vraiment motivés à l’idée de disputer les Jeux Olympiques ?
Ah oui, bien sûr. C’est un vrai rêve d’être médaillé olympique, c’est quelque chose de très fort. Il y a eu pendant longtemps des personnes qui considéraient que le tennis, qui est un sport professionnel et médiatisé, n’avait pas sa place aux JO. Puis c’est rentré dans les mœurs et quand on voit aujourd’hui les tous meilleurs, Federer, Nadal, qui veulent être là-bas et décrocher une médaille. Je crois que les JO sont devenus presque l’égal des Grands Chelem, voire même plus importants pour certains.
Arnaud Di Pasquale, médaillé de bronze à Sydney, en 2000, et actuellement Responsable du haut-niveau masculin, doit un peu motiver les troupes ?
C’est certain qu’Arnaud, avec son vécu olympique, va se retrouver là-bas cette année, en charge des joueurs, et s’il peut défiler avec la délégation, ça risque de remuer dans ses tripes !
Y a-t-il de véritables différences de perception, de ressenti, entre un tournoi du circuit ATP ou WTA et le tournoi olympique ?
Ce qui fait réellement la spécificité de cette compétition c’est l’environnement, l’engouement, le fait que tout le monde vibre, que tous soient motivés, préparés, et ça, c’est communicatif. Il y a cette espèce d’admiration que les uns ont envers les autres, entre sports, une sorte d’émulation et de communion entre tous les athlètes. Tout cela donne une importance encore plus grande à cet événement, de se retrouver avec toutes ces stars, tous ces champions autour de soi. Quand on arrive à ce stade, c’est le top du top.
Les Jeux, c'est un événement unique !
Cela peut-être un écueil aussi, de trop rentrer dans l’ambiance, l’univers des Jeux et d’en oublier de rentrer dans la compétition des Jeux…
En effet, des fois, l’événement est tellement fort qu’on a du mal à être complètement concentré comme on l’est sur un Grand Chelem où tout est fait pour vous, où tout est centré sur une seule activité qui est la vôtre. C’est possible que cette influence existe.
Question joker… Si vous deviez choisir entre Jo-Wilfried Tsonga vainqueur à Roland Garros et Gaël Monfils champion olympique ?
Je ne peux pas… Je préfère Roland Garros, je l’ai vécu, donc vous touchez la corde sensible. Je sais ce que gagner en France représente, gagner dans son pays c’est monumental. Vous sentez tout le monde derrière vous, tout le central, vous jouez avec 16 000 personnes qui vous poussent, vous vibrez parce que les gens vibrent avec vous. Gagner en France, je crois qu’il n’y a rien de plus beau.
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