Le gratin du badminton mondial à Paris

Interview
Brice Leverdez
Partagez

Le gratin du badminton mondial à Paris

Cliquez sur l'image pour suivre l'événement sur le site de la Fédération Française de badminton
Jean-Marc Pocholle

Du 25 au 30 octobre 2011, le stade Pierre de Coubertin (Paris) accueille les Internationaux Yonex de Badminton. Après les championnats du monde 2010, la capitale française reçoit donc de nouveau le haut du volant mondial pour une compétition à enjeux puisque les points acquis compteront pour la qualification olympique.

Rencontre avec Jean-Marc Pocholle, directeur technique national du badminton...

Comment s’annonce le tournoi Yonex Internationaux de France ?
Cette compétition revêt une saveur particulière cette année. Elle s’annonce de très haut niveau car elle fait partie des étapes qualificatives pour les Jeux Olympiques. Le gratin du badminton mondial revient à Paris, un an après les Mondiaux, pour obtenir de précieux points olympiques. Le plateau sportif va être prestigieux, digne d’un championnat du monde. Les meilleurs mondiaux seront là ! Nous allons donc assister à de très belles confrontations avec des enjeux de premier ordre.

Hongyan Pi, forfait pour ces Internationaux

Quels seront les chances des Français et des Françaises ?
Le côté positif de cette compétition réside dans le fait que le plateau va être d’une grande qualité. C’est bien pour le prestige et les spectateurs. Mais le revers de la médaille, c’est que cela devient plus compliqué pour nos athlètes. Il va être difficile d’obtenir des qualifiés dans le tableau principal, voir même dans les qualifications. Depuis le forfait de Hongyan Pi pour blessure, seul Brice Leverdez est directement qualifié dans le tableau principal. Les autres sont contraints de passer par les phases qualificatives. Néanmoins, ne doutons pas que Matthieu Lo Ying Ping, le double dames Choinet/Fontaire mais aussi le double hommes Grosjean/Carême auront à cœur de bien faire devant leur public.

L’organisation de ce tournoi n’est-elle pas d'abord une belle opportunité pour la fédération de faire parler de son sport ?
Bien sûr, car on manque cruellement d'une culture « badminton haut niveau » en France. Certes, le badminton se joue beaucoup en milieu scolaire, mais on a du mal à amener les jeunes à la pratique en haut niveau. Les championnats du monde de l’an passé, et ces Internationaux sont organisés dans cette optique. Cela va nous permettre de gagner du terrain sur cette culture sportive. On a vraiment besoin de ces événements pour se développer et je suis convaincu d’être sur la bonne voie, car le public est de plus en plus connaisseur.

Lucas Corvée et Joris Grosjean

Vous inspirez-vous des autres fédérations pour évoluer ?
Effectivement, il faut toujours s’inspirer des modèles qui ont réussi. Mais il ne faut pas oublier la réalité internationale : on ne peut pas comparer un sport à un autre par rapport à l’adversité. Chaque discipline a ses propres spécificités, ses particularités. En badminton, la réalité internationale se trouve en Asie, et un petit peu en Angleterre et au Danemark. On a amélioré la formation et la filière de détection des jeunes. Depuis un an, on a créé un « dispositif jeune » pour permettre une meilleur détection et un meilleur accompagnement vers le haut niveau. On prend en compte les – de 13 ans dans notre organisation, ce qu’on ne faisait pas auparavant. Au Danemark par exemple, les enfants sont licenciés très tôt dans les clubs. Ils ont très vite une raquette dans les mains, ce qui n’était pas le cas en France. Ce travail va porter ses fruits dans une quinzaine d’années. De plus, on fait venir des coachs étrangers (Chinois, Indonésien, Anglais) pour nous aider dans notre recherche de performance. Et on constate des signes de progrès. Pour la première fois de notre histoire, un Français, Lucas Corvée, a remporté un tournoi international -19 ans au Danemark. Ce résultat est prometteur et nous encourage évidemment à développer notre politique du haut niveau.


Brice Leverdez : « un garçon ambitieux et perfectionniste »
En l'absence d'Hongyan Pi, blessée, Brice Leverdez (n°36 mondial) sera le chef de file de l'équipe de France de badminton pour ces Internationaux de France. Âgé de 25 ans, Brice a connu son meilleur classement mondial en 2010 (28ème) et entend bien participer en 2012 à ses premiers Jeux Olympiques. L'étape parisienne sera une marche importante, tant au niveau des résultats que du mental. Mercredi 26 octobre, Brice s'est qualifié pour les huitièmes de finale du tournoi pour la première fois de sa carrière en disposant de l'Indonésien Chetan Anand (21-13, ab.). Il a ensuite été battu par le n°1 mondial, le Malaisien Chong Wei Lee, 21-11, 21-13. sur

Entretiens croisés avec Brice Leverdez et Fabrice Vallet, directeur des équipes de France en amont des Yonex Internationaux de France.

Comment appréhendez-vous ce tournoi ?
Brice Leverdez – Je suis serein. Je me sens bien. C’est un tournoi qui me tient à cœur car il est à Paris. Il y aura mon public, mes amis. C’est toujours très agréable de jouer en France, même si jusqu’à présent, je n’ai jamais réussi à gérer cette pression supplémentaire. En effet, j’ai tellement envie de bien faire que je ne joue pas libéré. Mes coups ne sortent pas vraiment, je ne suis pas lucide dans ma tactique... Mais cette année, je vais tâcher de me relâcher.

Quelles sont vos ambitions pour cette année ?
BL – J’y vais évidemment pour gagner, car si j’y vais pour perdre autant ne pas jouer ! De manière plus objective, il faudrait que j’arrive à passer mon 1er tour, ce que je n’ai jamais réussi à faire à Paris. Le tirage au sort ne m’ayant pas épargné, je devrais rencontrer le numéro 1 mondial au deuxième tour, le Malaisien Lee Chong Wei. Ce serait un grand challenge de faire un match contre lui.

Fabrice Vallet – Brice souhaiterait évidemment remporter ces Internationaux car il adore jouer devant son public. Son objectif est de décrocher une médaille européenne. Cela ne s’est jamais fait dans l’histoire du badminton français en simple homme. Et puis à long terme, il y a les Jeux Olympiques bien sûr. Il est sur la bonne voie pour se qualifier pour Londres. Pour l’heure, viser le podium semble difficile tant la domination des pays asiatiques est grande, mais je suis persuadé qu’il va y arriver par la suite. Brice n’a que 25 ans, il engrange de l’expérience.

Quels sont les principales qualités et défauts de Brice ?
FV – C’est un garçon ambitieux et perfectionniste. Il est très bien organisé au quotidien dans ses entraînements et rigoureux dans sa préparation. Il ne laisse rien au hasard. De plus, il sait ce qu’il veut et où il veut aller. Alors évidemment, c’est très agréable de travailler avec lui, on n’a pas besoin de le pousser. Il est acteur de son projet sportif, et comme tous les athlètes de haut niveau, il cherche la performance. Par contre, Brice se met parfois trop de pression lors des matchs. Il a envie de réussir, de bien faire et, comme il est pressé d’en finir, il se précipite et perd des points.

Quels sont ses axes de travail ?
FV – Depuis 2006 et l’arrivée de l’entraîneur chinois Junling Zhou, Brice a beaucoup travaillé pour obtenir plus de percussion et de force sur ses attaques. Il a pour cela effectué de grosses séquences de jeu lors des entraînements. D’autre part, il s’attarde beaucoup sur l’aspect tactique. La vidéo est un outil essentiel qu’il utilise régulièrement pour trouver les failles de ses adversaires. Il est primordial pour lui d’anticiper la préparation de ses matchs.

Fabrice Vallet avec Hongyan Pi

La belle prestation réalisée face au Chinois Chen Jin, champion du monde 2010, la semaine dernière au SuperSeries du Danemark est-elle rassurante ? Au fond, qu’est ce qui manque aux joueurs français pour arriver au niveau des joueurs asiatiques ?
BL – J’ai fait un bon match contre Chen Jin certes, mais j’ai encore perdu [23/21, 21/14]… Alors je suis un peu mitigé. Mais, je sens que ca vient, et que je progresse. J’aimerais que la réussite vienne vite ! Pour nous, dans nos confrontations face aux Asiatiques, la priorité, c’est d’y croire. On manque encore de confiance. Quand on a l’envie, on y arrive. Le badminton ne fait pas partie de notre culture contrairement à eux. C’est plus dur d’arriver au plus haut niveau mondial pour un joueur européen. Mais il faut se fixer des objectifs et avoir envie. Je suis persuadé que ca va finir par payer. C’est comme pour tout, le travail paie !

FV – Les athlètes asiatiques sont beaucoup plus nombreux. Ils ont un réservoir immense, particulièrement en Chine. En ce qui concerne le simple homme, par exemple, 4 de leurs joueurs font partie du Top 10. Ils s’entraînent quotidiennement ensemble. Le niveau de confrontation entre les athlètes est donc exceptionnel. Il y a une réelle émulation. Brice, lui, est encore un peu trop seul. Il manque d’opposition au quotidien pour être tiré vers le haut. C’est pourquoi il part régulièrement à l’étranger faire des stages. Il s’est entraîné en Thaïlande au mois d’aout, en Allemagne la semaine dernière… Il va chercher l’opposition là où elle se situe. Nos jeunes progressent aussi, la concurrence apparaît peu à peu. Je pense que dans les 2 années à venir cela peut changer car des jeunes arrivent. Mais aujourd’hui, c’est le principal obstacle.

Alors, finalement, comment remporter une médaille ? Quel peut être le déclic ?
FV – Une grosse victoire… Brice fait partie des 30 meilleurs mondiaux. Il est régulièrement présent dans le Top 30 mondial lors des tournois. Il a déjà battu des joueurs faisant partie du Top 20, ce qui prouve qu’il a les capacités pour faire partie des meilleurs. Mais, il existe une marche entre le Top 20 et le Top 10. Actuellement, un seul Européen, un Danois, fait partie du Top 10. Son ambition est d’aller taper un joueur du Top 10. Je pense que s’il va chercher un de ces joueurs, cela va le désinhiber un peu et lui donner confiance. Il gagnera en sérénité sur les grands matchs et cela lui enlèvera la pression et la précipitation qui le pénalisent aujourd’hui.

BL – J’ai travaillé avec des professionnels sur la gestion mentale du stress mais j’avoue avoir eu du mal à appliquer les consignes lors des matchs. Je pense que cela vient de moi. Il faut que j’arrive à gérer le stress qui m’envahit pour jouer de manière plus relâchée. Lors des entraînements, j’essaye de me retrouver dans des conditions proches de celles des compétitions. Je m’impose des objectifs très forts qui me mettent de la pression. Cela m’aide par la suite à me relâcher. De plus, je me concentre sur les tactiques à adopter face à mes adversaires. Je me focalise ainsi sur autre chose que le stress.

Pensez-vous aux Jeux Olympiques en vous rasant ?
BL – Oui ! C'est un rêve de gosse, j’y pense tous les jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me bats à 200% sur chaque compétition. Après, ce n’est pas encore demain, même si je suis conscient que cela va venir vite. J’entame la dernière ligne droite pour me qualifier. Il faudra terminer dans les 60 premiers mondiaux et être le meilleur Français. Les résultats des 10 meilleurs tournois dans l’année sont pris en compte, sachant que la qualification a commencé en mai 2011 et se terminera fin avril 2012. Cette année s’annonce donc difficile, mais j’y crois ! Je veux me qualifier pour ensuite tout donner aux Jeux Olympiques afin d’aller chercher une médaille.

  •  Adidas
  •  EDF
  •  Française des jeux
  •  Tarkett
  •  Bmw
  •  BPCE
  •  Orange
  • Somfy
  •  Allianz