Olivier Krumbholz : "Se placer sur orbite pour Londres"

Interview
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L’équipe de France féminine de handball s’est envolée lundi 28 novembre 2011 pour Sao Paulo, au Brésil, pour disputer les championnats du monde (2-18 décembre 2011). Motivées et en pleine confiance après leur victoire au Tournoi Razel de Paris le week-end dernier, les Tricolores, vice-championnes du monde 2009, tenteront d’abord d’obtenir le quota olympique. Elles viseront si possible le titre mondial, ce qui offrirait à la France une domination totale et historique sur une discipline collective.

Rencontre avec l’entraîneur charismatique des Bleues, Olivier Krumbholz, aux commandes de l’équipe depuis 15 ans.

A quelques jours des Mondiaux, vous venez de remporter brillamment le Tournoi de Paris, quels enseignements en tirez-vous ?
Nous sommes d’abord très heureux, car l’équipe a bien joué. Cela montre que l’on continue à monter en charge de mois en mois. On peut ainsi aborder ces championnats du monde avec ambition et une certaine sérénité, même si l’on sait que ce sera difficile. Tout se jouera à peu de choses mais nous sommes tout de même contents d’être opérationnels aussi près du but.

Quels sont les aspects positifs, et peut-être négatifs, de ce tournoi ?
Les performances individuelles sont très intéressantes. On commence à avoir un ensemble de plus en plus homogène. Les filles sont en forme à l’approche de l’échéance. Je pense que la défense et le jeu tout-terrain nous donnent le plus de satisfaction. Si fragilité il y a, elle se situe au niveau de l’attaque placée. Nous rencontrons, il est vrai, quelques difficultés. Néanmoins, la deuxième mi-temps de notre finale face aux Russes était encourageante. Nous avons trouvé les ressources pour être opérationnels face à une équipe aussi difficile que la Russie.

Camille Ayglon

Justement, battre la Russie, championne du monde en titre, vous positionne parmi les favoris. Comment allez-vous gérer ce statut ?
Il faut rester réaliste. Le tournoi se déroulait chez nous, le contexte était favorable, avec un public entièrement acquis à notre cause. Ce sera différent au Brésil. Alors, il faut prendre ce qu’il y a à prendre, tout en gardant les pieds sur terre. On va participer à un Mondial où de nombreuses équipes seront, comme nous, des outsiders solides. Je crois que les Russes, et à un degré moindre les Norvégiennes, restent les grandes favorites. Le handball est un sport où beaucoup d’équipes sont compétitives. Il va falloir soigner le détail, car cela risque de se jouer à rien. N’oublions pas que nous commençons les phases finales en huitième de finales. C’est un Mondial nouvelle formule, par éliminatoires. On se doit donc d’être très vigilant.

C’est le message que vous transmettrez à vos joueuses, « ne pas arriver avec un excès de confiance » ?
Absolument, notre équipe s’est souvent construite dans la douleur. Elle a su trouver les ressources morales dans des moments très difficiles. On sait que dès qu’on se relâche, on perd du niveau de jeu. Il nous faut donc rester concentrés. Aujourd’hui, les filles ont vraiment envie de réussir. Elles se sont tellement prises en charge ces derniers-temps, que l’on peut leur faire confiance. Elles sont conscientes qu’au moindre relâchement, le résultat peut être désastreux. On va donc aborder notre premier match [le 3 décembre 2011] avec méfiance. Le Japon a fait deuxième du continent asiatique pour la qualification olympique. Il ne faut pas se faire piéger dès le début du match pour ne pas perdre des points qui pourraient manquer à la fin de la partie.

Diriez-vous de votre équipe qu’elle a mûri depuis quelques temps ?
Oui, cette équipe avance bien, elle est en train d’arriver à maturité. C’est une équipe sympa, bien guidée par quelques filles qui commencent à avoir de l’expérience et qui n’ont pas peur de prendre des responsabilités dans la vie du groupe.

Quelles sont ces filles ?
Raphaëlle Tervel et Amélie Goudjo se partagent un peu les responsabilités dans la gestion du groupe. Amélie gère beaucoup la vie du groupe. Raphaëlle, elle, s’implique énormément dans l’animation du jeu et dans les discussions autour de celui-ci… et ce sont des débats importants. Après, il y a des filles comme Camille Ayglon, Amandine Pineau, Nina Kanto, Siraba Dembélé par exemple, qui sont en équipe de France depuis un moment. Elles essayent aussi d’apporter beaucoup dans la vie du groupe vers la performance.

Amélie Goudjo

Quel est votre objectif sur ces championnats du monde ?
Notre objectif est de se placer sur orbite pour Londres. Ce qui signifie aller en demi-finale. Après, il nous restera deux matchs à remporter et on mettra tout en œuvre pour être médaillé. Londres est un objectif majeur, parce que l’on rêve tous dans notre carrière des Jeux Olympiques. Je pense que cela a une valeur très symbolique pour nous, d’autant que c’est une fenêtre médiatique extraordinaire pour notre sport. Et puis on y a déjà participé trois fois sans ramener de médaille, alors ça suffit !

La constante comparaison avec l’équipe masculine est-elle difficile à assumer ?
C’est difficile à assumer quand la comparaison ne prend pas en compte certains facteurs. Maintenant, les résultats des garçons nous poussent et nous motivent. On récupère de l’aura des garçons, parce que nous aussi nous avons de bons résultats, même si on est bien en dessous de leurs performances. C’est positif pour tout le monde. Les filles se rendent compte ainsi que c’est possible de gagner. Même s’ils ont plus de potentiel que nous, ce qui est sûr, c’est qu’ils ont ouvert le chemin.

Vous arrive-t-il d’organiser des rencontres entre les deux sélections nationales ? Existe-t-il des échanges entre vous ?
Très peu malheureusement, parce que nous n’avons pas les même programmes. Il y a un événement majeur qui peut nous réunir, c’est les Jeux Olympiques. Voilà une raison de plus pour aller aux Jeux et partager un moment où les deux équipes pourraient ramener une médaille. Le handball ne grandit pas dans la facilité. Les hommes ont un parcours extraordinaire depuis quelques années. L’évolution de notre sport n’avance pas à la même vitesse que les médailles qu’ils remportent. Nous restons humbles, parce que l’on sait que c’est difficile pour tout le monde. On fait partie de la même famille avec la même problématique…

Composition

Les sélectionnées
Armelle Attingre, Amandine Leynaud, Cléopâtre Darleux, Amélie Goudjo, Blandine Dancette, Nina Kanto, Camille Ayglon, Angélique Spincer, Allison Pineau, Claudine Mendy, Paule Baudouin, Marie-Paule Gnabouyou, Audrey Bruneau, Siraba Dembele, Audrey Deroin, Raphaëlle Tervel, Mariama Signate, Alexandra Lacrabere.

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