Perth à haut niveau
Interview
Perth à haut niveau
Depuis le 3 décembre 2011 et jusqu’au 18, Perth, en Australie, accueille 1200 concurrents venus de 80 pays pour disputer les championnats du monde de voile. Comme il est de tradition chaque année qui précède les Jeux Olympiques d’été, toutes les séries olympiques sont regroupées à l’occasion de cette compétition.
Pour les Bleus, l’objectif est clair, à défaut d’être simple : qualifier les 10 séries pour Londres. De fait, dès le 6 janvier 2012, Philippe Gouard, directeur technique national de la voile donnera nominativement le nom des sélectionnés olympiques.
C’est donc dans l’Océan indien, sur la côté occidentale de l’Australie, que se joue la première grande étape pour les membres de l’équipe de France de voile, à savoir qualifier la France dans leur catégorie. Et d’ores et déjà, à mi-parcours, une partie du contrat est remplie puisque les Bleus ont décroché les quotas olympiques dans cinq catégories : Finn, 470, Laser Standard (hommes), planche à voile et match-racing (femmes).
Si aucune médaille n’est venue enjoliver encore plus le tableau, l'équipe de France a néanmoins hissé un représentant dans chacune des « medal races », les régates finales réunissant les 10 meilleurs équipages de la catégorie, déjà courues.
Entretien avec Philippe Gouard qui nous présente ces championnats du monde et, surtout, se projette sur les Jeux Olympiques de Londres.
Ces championnats du monde sont déterminants pour la sélection olympique…
A double titre, d’abord effectivement pour qualifier la France, ensuite pour le choix des sélectionnés olympiques qui seront annoncés le 6 janvier 2012. Il restera possible de décaler la sélection si des équipages sont proches dans une série : on attendra les championnats du monde 2012 pour les départager. Le but est d’envoyer à Londres nos meilleures chances de médaille.
75% des quotas olympiques seront attribués à Perth. Si l’on prend l’épreuve de planche à voile (RS : X) par exemple, 28 places sont distribuées sur la compétition sur 80 athlètes présents. Pour ceux qui n’auront pas obtenu la qualification, il sera encore possible de se qualifier en avril lors des championnats du monde 2012, qui, eux, s’effectueront par série et dans des lieux séparés et non sur un seul site et avec la globalité des disciplines comme le veut la tradition instaurée par la Fédération internationale pour les années préolympiques.
Quels sont vos objectifs de ces championnats du monde ?
On espère faire un maximum de médailles mais c’est compliqué et, avouons-le, ce n’est pas prioritaire. Nous souhaitons qualifier l’ensemble des séries aux JO comme nous l’avions fait à Athènes et à Pékin. Ce serait la troisième Olympiade où la France serait représentée dans toutes les séries représentées. On pourrait ainsi amener la totalité des chances de médailles. Nous sommes médaillables sur plusieurs séries. L’objectif est donc double, qualifier la nation et situer notre niveau mondial à 7 mois des Jeux olympiques, sachant qu’il n’y aura qu’un seul athlète par Nation à Londres.
Vous aviez obtenu deux médailles à Athènes en 2004, trois à Pékin en 2008, combien en envisagez-vous à Londres 2012 ?
Notre objectif est très ambitieux puisque j’espère 6 médailles olympiques. Si l’on emmène les dix séries à Londres, je souhaite a minima que les athlètes se qualifient pour les finales, et je pars du principe qu’à partir du moment où l’on navigue dans les 7/8 meilleurs mondiaux, on peut faire une médaille. Les sportifs ont le niveau, à eux maintenant de réaliser les performances. C’est possible.
Que pensez-vous du plan d’eau de Weymouth, le futur plan d’eau des Jeux Olympiques ?
A Weymouth, il y aura des journées avec des vents et d’autres sans. On ne peut pas faire de corrélation directe entre les résultats que l’on obtiendra sur ces championnats du monde et ceux que l’on aura aux Jeux olympiques parce que les conditions ne sont pas les-mêmes. De fait, le plan d’eau de Perth est le site de voile au monde où la brise thermique [le vent] est la plus forte et surtout la plus constante. On a chaque jour entre 15 nœuds [30 km/h] et 25 à 28 nœuds [56 km/h] de vent... Roulez en voiture à 56 km/h la fenêtre ouverte et vous verrez comme c’est important. A Perth ces vents forts exigent d’être vigilant et costaud physiquement car ils sont reproductibles chaque jour. Néanmoins, Weymouth nous convient bien parce que les conditions sont très proches, en termes d’environnement (vent, marée), de nos zones d’entrainements, comme Brest ou Quiberon. Nos équipes de France s’y sont déplacées plusieurs fois et le connaissent bien.
Est-ce primordial de bien connaître le plan d’eau sur lequel on va naviguer ?
C’est essentiel pour s’approprier les « recettes locales ». Chaque plan d’eau a ses propres régimes de vent. Ce dernier peut être perturbé par des immeubles, de petites vallées ou des forêts, etc… On passe beaucoup de temps sur le site des Jeux parce qu’il faut s’imprégner du plan d’eau. Rien ne remplace l’expérience d’un site. Les athlètes doivent avoir maximum de ressenti. On a des cartographies des vents et des logiciels que l’on affine ensuite en navigant … Mais on ne peut pas reproduire de manière informatique les vents. On va à Weymouth depuis trois ans déjà, on passe beaucoup de temps sur le plan d’eau pour emmagasiner un maximum d’expérience et de connaissances. Nous avons toutefois une certaine difficulté à accéder au plan d’eau olympique. Il est difficile de stationner nos bateaux. On se débrouille, mais on n’a pas beaucoup d’avantages. Du coup, on a loué dans un club à côté.
Quelles sont les qualités pour être un bon marin ?
Il faut déjà avoir toutes les qualités requises d’un sportif de haut niveau : la combativité, l’envie, la résistance au stress, et une très bonne condition physique car il y a onze manches dans une course. Plus spécifiquement dans notre sport, il faut être en osmose avec le bateau. Le corps des athlètes est leur propre centrale d’inertie, c’est-à-dire que les sportifs ont la capacité de sentir si leur bateau va vite ou pas... Par exemple, en planche à voile, cela passe par les pieds. Les sensations remontent ensuite au cerveau. Mais les marins sentent au niveau le plus fin la vitesse, les vibrations… ils sentent comment faire avancer un bateau. Il faut par conséquent une perception très élevée et développée. Il faut par ailleurs des capacités de réflexion et d’analyse pour utiliser les rotations du vent. C’est ce qu’on appelle la stratégie. Il leur faut anticiper les conditions de mers, de vent, les adversaires…. C’est un sport où le marin est confronté aux paramètres de la nature. Il faut donc qu’ils soient aptes à tout analyser rapidement pour arriver à la performance.
Sarah Steyaert sera ambassadrice aux JOJ d’Innsbruck, qu’en pensez-vous ?
Sarah est une athlète exemplaire, elle représente bien ce rôle d’ambassadrice. Je suis content qu’elle endosse ce costume. C’est un excellent choix qui correspond bien à sa personnalité. De plus, cela met en avant notre discipline. En ce qui concerne ces Mondiaux, Sarah a vécu une année assez perturbée car elle préparait son examen de professeur des écoles. Elle a été brillamment reçue mais n’a pas pu s’entraîner normalement. Dans tous les cas, l’objectif à Perth, pour elle comme pour Sophie de Turckheim, sera de prendre le quota du laser radial pour la France.
(Crédit Photos : FFVoile)
Liste des Français sélectionnés pour le mondial ISAF
RSX Hommes (PAV):
Julien Bontemps (ASPTT Nantes), Louis Benoit Hug (YC Pointe Rouge), Pierre Le Coq (CMV St Brieuc), Benjamin Tillier (SR Calédonienne)
RSX Femmes (PAV):
Charline Picon (Palmyr atlantic voile – SNCF), Eugénie Ricard (YC Mauguio Carnon), Pauline Perrin (CV Mayenne)
Laser Radial (Femmes) :
Sophie de Turckheim (YC Antibes - Equipe de France Militaire), Sarah Steyaert (CV Chatelaillon)
Laser Standard (Hommes) :
Jean-Baptiste Bernaz (CN Ste Maxime)
Finn :
Thomas Le Breton (SR Brest - Equipe de France Militaire), Jonathan Lobert (SNO Nantes - Equipe de France Militaire)
470 Femmes :
Camille Lecointre et Mathilde Géron (SR Brest - Equipe de France militaire / CN Plérin - Equipe de France militaire) ; Ingrid Petitjean et Nadège Douroux (SN Marseille / SN Marseille) ; Emmanuelle Rol et Hélène Defrance (ASPTT Marseille / ASPTT Marseille)
470 Hommes :
Sofian Bouvet et Vincent Guillarm (YC Antibes / USAM Voile) ; Nicolas Charbonnier et Jérémie Mion (YC Antibes - Equipe de France Douane /SNO Nantes) ; Pierre Leboucher et Vincent Garos (ASPTT Nantes / SNO Nantes)
49er :
Emmanuel Dyen et Stéphane Christidis (CNV Aix les Bains - Equipe de France Douane / EV Cagnes sur Mer - Equipe de France Militaire) ; Julien D’Ortoli et Noé Delpech (YCPR / YCPR)
Mathieu Frei et Yann Rocherieux (SR Calédonienne / CN de Sciez)
Elliott (match racing):
Anne-Claire Le Berre, Alice Ponsar et Myrtille Ponge (SR Brest - Equipe de France Militaire / CVB Erquy - Equipe de France Militaire / SNO Nantes - Equipe de France Militaire)
Claire Leroy, Marie Riou et Elodie Bertrand (SN St Quay Portrieux / USAM Voile /CV Arcachon)
Remplaçante pour les 2 équipages : Claire Pruvot (SR Courseulles)
Star :
Guillaume Florent et Pascal Rambeau (Graveline GVLS / ASPTT La Rochelle) ;Xavier Rohart et Pierre-Alexis Ponsot (YC La Pelle / SNO Nantes)
- A lire également
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-