Londres 1908, l'équipe de France olympique
Délégation : 202
Porte-drapeau : -
Bilan : 19 médailles dans 7 sports – 5 en or, en 5 argent, en 9 bronze – féminine et mixte.
La France termine 4ème Nation.
Géo André se fait un nom
Mardi 14 juillet, un jour prédestiné. Pour Géo André, la Bastille à prendre est le stade de White City. Un dernier obstacle à passer : cette barre de 1m90 qui le sépare d’un duel final Porter pour l’or olympique avec l’Américain Harry. A l’âge de 19 ans, Géo n’est plus un gamin à culottes courtes. Loin de là… et malheureusement pour lui. Il s’élance pour son dernier essai sous un soleil si décliné qu’il a fallu nouer un mouchoir blanc à la barre pour mieux l’apercevoir. Le saut est effectué dans les règles de l’art de l’époque et il s’écrie déjà de joie quand l’arrière de son short, trop large fait trembler la barre. Le mouchoir tombe. Les larmes et la nuit aussi pour Géo André, quelque peu moqué de sa joie trop anticipée par les spectateurs.
Sa vie fut incroyablement remplie. Pour finir sur le sport, il participa à tous les JO jusqu’à Paris, en 1924. Porte-drapeau de la délégation française, il y prononça alors le serment des athlètes et termina encore 4ème du 400m haies. International dans 13 disciplines différentes (100 m, 200 m, 400 m, 4 x 400 m, 110 m haies, 400 m haies, saut en hauteur avec et sans élan, en longueur sans élan, poids, disque, pentathlon et décathlon, il fut recordman d'Europe du 400 m haies en 1920, année durant laquelle il remporta une deuxième médaille olympique, le bronze au relais 4 x 400m.
Pourtant, mobilisé en août 1914, il fut grièvement blessé et fait prisonnier. Evadé après plusieurs tentatives, il devint pilote de chasse au sein de la prestigieuse escadrille des Cigognes. Sa cheville gravement blessée, il dut se contraindre à de nombreuses séances de rééducation et d’entraînement pour pouvoir participer aux JO d’Anvers. Journaliste sportif, au Miroir des sports, à L'Excelsior, à L'Intransigeant et à La Vie au grand air, il créa et publia l’almanach sportif L'As. Toujours combattant au cours de la Seconde guerre mondiale, il s’engagea à 51 ans au sein des Corps Francs d’Afrique. Il décéda en 1943 au cours de la reconquête de Tunis.
Duo gagnant
Victimes de l’arbitrage britannique, les Français le furent tout autant que les Américains. Paru en février 1908, Arsène Lupin contre Herlock Sholmes (Maurice Leblanc) avait peut-être été prémonitoire… Le cycliste Maurice Schilles, vainqueur du kilomètre et du tour de piste, subit ainsi l’annulation de ces courses : sur cet anneau gorgé d'humidité et donc particulièrement dangereux, les minimas n'avaient pas été atteints... Il se rattrapa en remportant le titre olympique du tandem avec André Auffray. Inséparables, les deux cyclistes le furent également sur le podium du 5000m, Maurice Schilles prenant l’argent et André Auffray le bronze.
Deux autres médailles furent décrochées sur la piste, par Emile Demangel (l’argent sur le tour de piste) et Octave Lapize (le bronze sur 100km).
Lippman, un homme à l'heure
Placés dans le même groupe, les épéistes français imposèrent leur loi. Triplé splendide pour les Bleus avec Gaston Alibert (or), Alexandre Lippman (argent) et Eugène Victor Olivier (bronze) ! Le titre par équipe fut bien sûr emporté dans la nasse. Parmi ce trio, il convient de distinguer Alexandre Lippman, dont la carrière olympique ne faisait que commencer et qui connaitra une longue carrière olympique, achevée à Paris en 1924 par le titre olympique d’épée par équipe. Auparavant, Alexandre Lippman était devenu vice-champion olympique d’épée à Anvers (1920) où il avait également obtenu le bronze par équipe.
Les archers prennent la boite d’assaut
Peu performants au double york, les Français Eugène Grizot, Louis Vernet et Gustave Cabaret réalisent, dans cet ordre un magnifique triplé sur l’épreuve du 50m style continental. Pour Eugène Grizot, il s’agit de la première médaille olympique, la seule en or, mais pas la dernière. Après-guerre, il remporta trois médailles par équipe. L’argent au 33m et au 50m et le bronze au 28m.
Emile Thubron, celui à qui nul ne succéda
Pour la première et unique fois, le programme olympique intègre à Londres une discipline motorisée. Trois épreuves de motonautisme sont ainsi organisées à laquelle 17 embarcations participent, 13 britanniques et 4 françaises. D’origine anglaise, Emile Thubron, de son vrai nom Ernest Blakelock Thubron, représente la France dans la catégorie Open. Les circonstances de la course, très venteuses, provoquent néanmoins d’importants ravages. A tel point que sur chacune des épreuves, une seule embarcation termine la course.
Profitant de l’abandon des coques britanniques Wolseley-Siddely et Dylan, le Camille d’Emile Thubron fut ainsi le seul à franchir la ligne d’arrivée de la catégorie Open. Emile Thubron devient champion olympique. Le seul champion olympique individuel de motonautisme de l’histoire olympique et sans nul doute le dernier. En effet, non seulement les deux autres catégories présentées en 1908 mettaient au prise des équipages, mais, de surcroît, présenté en démonstration à Paris en 1900, le motonautisme ne fera plus jamais d’apparition au programme olympique, ce dernier n’autorisant plus les sports motorisés.
- A lire également
-