Londres 1908, le fait
Le marathon olympique de Londres 1908 est historique à plus d’un titre.
Il s’agit d’abord d’une histoire de distance. En 1896, le premier marathon olympique s’est couru sur 40 kilomètres, distance censée représenter celle séparant la cité antique de Marathon de celle d’Athènes. Ce fut le cas jusqu’en 1908. A Londres, le comité d’organisation prévoit de faire partir la course depuis le château de Windsor. Plus précisément, à la demande de la reine Alexandra, l'épouse d’Edouard VII, le départ est donné sous les fenêtres du château de Windsor, afin que la famille royale au grand complet puisse assister à l’événement depuis leurs appartements. Or il y avait 26 miles (41,8km) jusqu'à l'entrée du stade, auxquels il fallut rajouter 385 yards jusqu'à la loge royale située de l’autre côté du stade, ce qui donnait 42,195km, distance retenue en 1924 comme étalon pour l’épreuve du marathon olympique.
Mais pour les spectateurs londoniens, il s’agit surtout d’une course à l’intensité dramatique exceptionnelle. Largement détaché des 56 autres concurrents depuis le 22ème kilomètre, l’Italien Dorando Pietri entre en futur vainqueur dans le stade de White City.
A bout de forces, le petit boulanger (1m59) de Capri titube cependant, tombe à quatre reprises, se relève, repart dans le mauvais sens avant d'être redirigé puis de s’effondrer littéralement à quelques dizaines de mètres de l’arrivée. Contre sa volonté, il est relevé et assisté par des journalistes et des officiels... sous les acclamations des 90 000 personnes présentes dans le stade. Dans un ultime effort, Dorando Pietri passe la ligne puis est évacué en brancard.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais les États-Unis portèrent réclamation contre cette victoire, protestant contre l’aide reçue bien malgré lui par Pietri. Ce dernier fut disqualifié et privé de son titre olympique, au profit de l'Américain Johnny Hayes, arrivé environ dix minutes après lui dans le stade. Le sort de Pietri, relayé par la presse internationale ému cependant l'opinion publique. Touchée, la reine Alexandra décida de lui remettre une coupe en or en mains propres. De son côté, Sir Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlock Holmes, lui fit l’honneur d’écrire sur le malheureux Italien un article détaillé à son sujet dans le quotidien britannique Daily Mail au sein duquel il incita même ses concitoyens à verser un don à Pietri. Ce dernier devint une célébrité et continua par al suite à gagner sa vie grâce à la course à pieds.
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