Les Jeux européens
Depuis leur apparition, en Asie au début du XXe siècle, les Jeux régionaux ont constitué un véritable enjeu stratégique dans le développement du sport et du Mouvement olympique.
Souhaités par Coubertin, les Jeux régionaux sont des évènements multisports de proximité. Ils ont permis de créer une meilleure interaction et un lien intime entre le Mouvement olympique et des communautés parfois peu concernées par les podiums olympiques. Ils ont également été un biais d’activation des relais nationaux que sont les Comités nationaux olympiques et un support de développement pour les fédérations internationales.
Création et disparition des premiers Jeux régionaux
Les Jeux de l'Extrême-Orient 1917
En 1912, à l’initiative de la Fédération sportive des Philippines sont organisés les premiers Jeux de l’Extrême-Orient, à Manille avec la participation de la Chine et du Japon. Ces Jeux rencontrent alors un immense succès populaire. Bien plus que les lointains JO, ces Jeux, qui seront reconnus plus tard par le CIO, permettent une véritable rencontre entre pays d’Asie.
Les compétitions offrent en effet un spectacle plus équitable, permettant aux athlètes de faire bonne figure, à une période où le sport balbutie encore en Asie et où la concurrence avec les pays Occidentaux est très déséquilibrée. A contrario, le niveau proche et les rivalités ordinaires entre pays voisins suscitent un réel intérêt populaire.
Pour Coubertin, les Jeux régionaux sont un élément de réponse pour permettre la diffusion du sport et de l’Olympisme, philosophie qui caractérise son évènement. Le CIO encourage donc la création d’autres évènements régionaux, sous son patronage. Dès 1922, sont ainsi créés les Jeux d’Amérique centrale qui connaissent leur première édition en 1926 et deviennent « Jeux d’Amérique centrale et des Caraïbes » en 1935.
L’Entre-deux-guerres marque dès lors une première phase de régionalisation des grandes manifestations sportives, L’Europe voit la création des Jeux balkaniques en 1931. Les Jeux Panaméricains sont décidés en 1932 et organisés à Dallas en 1937. A New-Delhi, en 1934, l’Inde accueille la Palestine, l’Afghanistan, et Ceylan pour les premiers Jeux du Proche-Orient qui verront ensuite la participation de l’Iran, puis des Indes néerlandaises.
Mais si les années 1930 sont celles du développement des Jeux régionaux elles sont également celles de leur disparition – partielle et temporaire.
Des perturbations politiques au cours des années 1930 changent la donne et l’Asie se retrouve dénuée de Jeux régionaux. Outre-Atlantique, si les Jeux d’Amérique Centrale et des Caraïbes trouvent leur équilibre, les Jeux d’Amérique latine échouent. Les Jeux Africains, initialement prévus pour 1925, ne verront pas plus le jour.
Le retour et la consolidation des Jeux régionaux
Les Jeux régionaux réapparaissent dès le début des années 1950, sous l’égide du CIO, le plus souvent. En mars 1951, à New-Delhi, sont organisés les premiers Jeux asiatiques. La même année, des Jeux méditerranéens et panaméricains font leur apparition suivis par des Jeux panarabes (1953), du sud-est asiatique (1959) et du Pacifique (1963). En 1959, Paris initie, en Afrique, des Jeux de la Communauté ou Jeux de l’Amitié, expression politique d’une Nation préoccupée par l’accompagnement d’un empire colonial en voie d’indépendance. Les Jeux de l’Amitié réunissent onze pays africains francophones, et la France, à Madagascar en 1960.
Enfin, une dernière phase a vu un rétrécissement des zones géographiques couvertes avec l’apparition des Jeux Centro-américains (1973), Centro-Africains (1976), de l’Afrique de l’Ouest (1979) puis ceux de regroupements insulaires ou de Petits États (1985). Des Jeux afro-asiatiques ont par ailleurs été organisés pour la première fois à Hyderabad (Inde) en 2003 et des Jeux de l’Association des CNO Africains (ACNOA), successeurs des Jeux africains, se sont tenus en 2006.
Et l’Europe dans tout ça ?
De toutes les zones régionales, seule l’Europe restait donc dénuée de Jeux régionaux. Le projet a pourtant existé de longue date. En 1960, une initiative du Comité national olympique (CNO) soviétique voir l’adoption par 14 CNO réunis à Rome voit l’adoption d’une résolution en ce sens. Malgré une proposition d’organiser ces Jeux dès 1962 à Moscou, ces Jeux, à défaut d’un accord des Fédérations internationales, ne voient pas le jour.
Maurice Herzog
Relancée en 1965 par le Français Maurice Herzog, alors secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports, l’idée est alors soutenue par l’Allemagne et le Suisse. Cette concordance de vue va mener une proposition d’organisation dans la région rhénane.
En 1967, les CNO européens, réunis à Téhéran, rappelant l’importance d’une adhésion des Fédérations internationales au projet, initient une étude de faisabilité, confiée aux représentants de la France, de la Suisse, de l'Allemagne, de l'URSS et de la Belgique. L’année suivante, deux pistes sont proposées : l’une propose des Jeux organisés à la manière des autres Jeux continentaux, l’autre suggérant un événement réservé aux moins de 21 ans.
Las, en février 1970, lors de son Assemblée permanente consultative à Munich (Allemagne), l'ACNOE annonce le report de sa décision concernant le projet de Jeux européens à une date ultérieure et indéterminée. La surcharge des calendrier et des dissensions politiques ave des Fédérations internationales désireuses de conserver leur indépendance pour organiser leurs propres manifestations, ne permettent plus au projet d’avancer.
Patrick Hickey
Il faut finalement attendre 2009 pour que le projet de Jeux européens renaisse de ses cendres, sous l’impulsion du président des Comités olympiques européens, l'Irlandais Patrick Hickey. Validés à une très large majorité en décembre 2012, les Jeux européens vont donc enfin voir le jour, plus d’un siècle après l’apparition des premiers Jeux régionaux.
La première édition s'est déroulée en juin 2015 à Bakou, en Azerbaïdjan, en présence des athlètes représentants les 50 Comités olympiques européens.
Les Comités olympiques européens - COE
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